« Rendez-vous » de Christine Angot (2006)

Publié le par Irene.K

« Juste une chose peut-être encore, je voudrais que tu choisisses le titre. […] Rendez-vous ou Rendez-vous manqué ? »

Moi, je choisis Rendez-vous manqué. Mais ce n’est pas très important, le livre n’était pas vraiment adressé à ses lecteurs potentiels. Déception. Moi aussi je suis engluée, là dans une lecture, je jette donc l’éponge après les quelques 200 premières pages et les 15 dernières. Le rendez-vous prend la tournure d’un jamais plus … Certes, on peut parler de la vocation d’écriture de Christine Angot. Tout part d’une idée violente et absolue de l’écriture comme art du nu : écrire c’est donner tout. C’est être vrai, c’est éprouver la vérité. Ce récit autodiégétique n’est ni un journal intime, en raison des jeux avec la chronologie des événements, ni une autobiographie puisque une période relativement courte seulement est relatée. Peut-être une auto-fiction ? Pourtant la correspondance entre le « je » de la narratrice et le « je » de l’auteur est posée sans ambiguïté par le nom propre, l’âge, la profession… le reste peut-être. Le premier conflit se manifeste là  entre la fiction que l’écriture a vocation à créer et la vérité… celle du vécu des événements plus que des événements eux-mêmes. Quels événements ? Les relations avec quelques hommes et la rencontre avec Eric le personnage central. Relation perverse avec le banquier (sans nom) dont le rôle s’avère fondamental dans l’évolution psychologique de la narratrice (la défloration), d’autres hommes. Tous ces personnages sont posés dans le rapport au père et développés par une narratrice fondamentalement marquée par l’inceste dont elle fut victime, et dont le
rapport  à l’écriture est un rapport vital « la foi revenait quand j’écrivais ».

L’histoire de Rendez-vous est celle de la rencontre avec un acteur Eric Estenoza, qui est avant tout un grand lecteur de Christine Angot, et de la préparation d’une lecture à Toulouse. C’est la rencontre singulière et amoureuse avec un homme pour qui l’écriture est aussi « quelque chose qui peut me remplir une vie. » Le récit a pour sujet le vécu de cette relation, la question du rapport amoureux, qui met l’auteur au supplice et la renvoie à son rapport à l’écriture : « Il m’arrive de me tromper dans l’écriture, de comprendre après que c’était faux […]. Si ce n’est pas un rapport amoureux je déchirerai. »

 

Voilà nous sommes partis sur 300 pages : on ne sort pas de ça. Pullulement du « je », lassant. Rendez-vous appartient au registre de l’analyse psychologique à laquelle la narratrice fait souvent référence pour comprendre son rapport amoureux et la logique de dénégation utilisée par le fameux Eric. Voilà. Rendez-vous relève aussi du registre de la (très longue) lettre déclarative adressée à cet Eric -même si finalement le livre ne lui est pas dédicacé- réservant au lecteur une position très peu intéressante. Les Perso sont détestables et me donnent précisément envie de renvoyer le livre à son éditeur et de lui indiquer qu’il y a une erreur, que « des tas de connards vont lire » ou risquent de lire un livre qui ne leur est pas écrit.


Bien sûr la fin. Tout ce rapport de vérité absolue à l’écriture qui, en une dernière phrase, est anéanti. Est-ce le signal d’un événement à venir, du désespoir de l’auteur, d’un rendez-vous manqué avec Eric ? On l'ignore mais enfin, on peut passer à autre chose ! Terminé, Christine Angot.

Publié dans Roman

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