Escale estivale, un 22 juillet 2009

Publié le par Irene Cadel

Trois heures du matin. Mois de juillet.
Hier, quand je suis rentrée – directement à cause de ce fichu mal de tête – j’ai écouté la radio allongée, enfin effondrée, sur le lit. C’était sur France Inter une émission tendance culturelle, avec un journaliste et plusieurs invités. Ça a du me faire quelque chose, de l’écouter cette émission parce que là je (re)pense au journaliste, à ses questions, à son fou-rire, à ses justifications.
Ça démarrait assez bien… au début l’invité est une femme qui travaille au Tarmac, un théâtre parisien. Elle n’est pas comédienne mais s’occupe plutôt d’organiser la programmation. Elle va répondre en expliquant le rôle essentiel joué par le théâtre dans la démocratie, des menaces qui pèsent sur lui, de son progressif étouffement (là elle fait une référence historique) et de la probable fin de cet espace critique du politique, elle cite Hannah Arendt, ça fait de l’effet, et moi je balance entre une écoute admirative et critique. Je la trouve intéressante et prétentieuse. C’est un beau discours (mais dans l’état intérieur où je me trouve, je ne peux plus y être réceptive, ni même aux théâtres et ses représentations du monde). Lui succède un acteur diseur humoriste de poésie venu de Cameroun. Contraste : je devais attendre quelque chose comme des phrasés spirituels, et j’entends un homme raconter son histoire et expliquer que ça le faisait chier les déclamations. Bon, il s’excuse du terme mais le journaliste l’incite à parler comme il veut. Il raconte donc comment il est arrivé là, il a commencé à reprendre le journaliste qui faisait un raccourci trop rapide sur sa vision du cinéma français, et fait un sketch sur le sujet type éloge de la lenteur, que Jean-Pierre Bacri est amené à commenter, ne semblant pas vraiment amusé…
Suit un passage où l’humoriste n’en revient pas d’être face au comédien, et où le journaliste l’assure qu’il est cool. Puis vient le passage où le journaliste a une crise de fou-rire qui semble entretenu par le comédien cool, alors qu’il interviewe en duplex quelqu’un sur des programmations diverses de danse espagnole.

Enfin voilà l’interview croisée de Jean-Pierre Bacri et du réalisateur Nassim Amaouche de Adieu Garry, qui met progressivement en lumière la sophistication des questions du journaliste ou de son équipe et le plat des réponses, ce plat qui déroute en mettant juste à plat les choses. La première question prend le réalisateur de court, sûr qu’elle est trop longue et trop bien écrite … pas de réponse, des « heu » qui se multiplient. « Et c’est le journaliste qui est la vedette ». Au bout de la troisième question, le ton commence à changer : le réalisateur demande à ne pas être interrompu, le comédien intervient pour situer les rôles, d’un côté les artistes en face le journaliste : arrêter les questions qui orientent déjà leurs réponses et cesser que le tout soit mené dans une fausse connivence… le journaliste se défend maintenant de la pression des agents et de l’esprit promotion qui entoure ces types d’interventions. Justifications.

Justifications qui semblent dire oui c’est vrai, vous avez juste mais on est là pour quoi ? pour vendre le film non ? Tendance culturelle de notre société ? Mais non las de poursuivre – il faut bien bosser – le journaliste s’enferre un peu plus en avançant le grand concept de mixité sociale présent dans le film : autre raté ! Pas de mixité sociale : ils sont tous pauvres.

 

Moi si j’avais fait l’interview j’aurais posé ces trois questions 

Que raconte votre histoire ?

Y a t-il une ou plusieurs valeurs que vous souhaitiez transmettre, et si oui lesquelles ?

Pourquoi avoir choisi comme titre « Adieu Garry » ?

 

 Je ne sais pas si ce film peut m’aider mais je pense que la fréquentation des ces deux invités serait  une bonne chose pour stigmatiser les tas d’idées reçues dont mes propos regorgent aussi.

J’espère que le journaliste sera naïf demain.

 

Publié dans Actualité

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