"L'arbre des possibles et autres histoires" de Bernard Werber (2002)

Publié le par Irene.K

Dans les tours et méandres de la fabuleuse geste littéraire, on s’arrêtera là, sur un auteur à grand succès et précisément sur l’écriture de ses nouvelles « […] j’ai eu envie d’entretenir ma capacité d’inventer rapidement une histoire en consacrant une heure le soir à la rédaction d’une nouvelle. Cela me détendait de ma matinée consacrée à l’écriture de « gros roman » ». La nouvelle est donc bien comprise comme un moyen d’entraînement et de relaxation… mais également comme une manière de présenter aux lecteurs la genèse de mes romans. Une entrée en matière bien décevante… la nouvelle ne serait-elle donc qu’un genre mineur, vite expédié face à l’imposant roman – le vrai travail - ? N’y a t-il pas un art de la nouvelle et certains auteurs n’y ont-ils pas excellé sans pour autant être des romanciers … passons donc sur le malentendu ; la nouvelle serait du fait de sa taille une genèse disons un concentré à développer dans le roman.

 

Mais que réserve l’auteur à ses lecteurs ? 20 nouvelles très faciles à lire et inégales. Certaines s’avèrent en effet sans intérêt du fait de l’indigence de l’argument ; d’autres déçoivent du fait d’un développement trop rapide – et dont le lecteur aurait apprécié un traitement plus achevé. Mais il est vrai que dans ce cas, il peut attendre le roman ! Ainsi « Manipulation » – à partir de l’idée d’une main qui fait sécession et revendique ses droits – passe en revue toutes les actions qu’une main gauche peut faire pour ennuyer son propriétaire jusqu’à ce qu’il cède : la nouvelle manque d’intérêt. Par contre, « Le règne des apparences » propose un argument intéressant – un personnage ne perçoit plus que le mot signifiant des choses qui l’entourent – traité hélas en deux pages et demie. De même « Attention,  fragile » mériterait de s’intéresser bien davantage à la vie du microcosme déclenché par l’enfant gâté.

 

Les nouvelles traitent autrement de thématiques variées telles que le voyage dans le temps avec le très sympathique  « Vacances à Montfaucon », dans l’espace-temps avec « Le chant du papillon ». On y trouve également des développements sur l’utilisation des humains par des mondes autres, ce qui laisse mal à l’aise dans « Apprenons à les aimer » ultra simplificateur et dont le coté vade-mecum est bien facile, tend à devenir un peu plus intrigant dans « Fragrances » et « L’école des jeunes dieux ». Enfin, la question du devenir est posée, avec ses aspects sociaux, économiques et écologiques dans « L’arbre des possibles » qui s’apparente à un timide manifeste et elle est traitée fictivement en exagérant avec justesse les traits de notre société de consommation dans « Tel maître, tel lion », « Un monde trop bien pour moi », et surtout « La dernière révolte » réservant aux vieux un bien médiocre sort. Le traitement social et politique apparaît travaillé dans la mise en perspective de sociétés prétendues démocratiques avec « Le mystère du chiffre » et « Le totalitarisme douceâtre ». « L’ermite absolu » tente le paroxysme d’une expérience qui finit grotesquement…

 

Ainsi, variété et inégalité. Mais n’est- ce pas le propre de ce travail ? Une heure chaque soir pour une idée … même si au final le lecteur attend bien plus d’un écrivain, à moins qu’il ne s’y attarde pas plus longtemps.

Publié dans Nouvelles

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B
J'ai également lu ce livre récemment et ne l'ai pas particulièrement apprécié non plus. Selon moi les idées sont sympathiques mais les recits manquent de goût et de profondeur.
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